Une baisse de la production généralisée – En 2022, les fabricants d’aliments français enregistrent une baisse globale d’activité de 6,6% par rapport à 2021 perdant près d’un million et demi de tonne d’aliments composés pour s’établir à 19,2 Mt.

En recul de 800 000 T (- 10,2%), La demande en aliments volailles, surtout ceux destinés à la volaille de chair, a tout particulièrement été affectée par l’épidémie d’influenza aviaire qui a touché de plein fouet la filière avicole. Les aliments pour palmipèdes sont les plus touchés avec une baisse de 30% de la production en 2022.
Pour le porc, le secteur enregistre une perte de 300 000 tonnes d’aliments, dans un contexte de décapitalisation du cheptel de truies et de baisse de production de la filière porcine française.
Les aliments ruminants enregistrent une baisse plus modérée, surtout localisée sur les filières « bovins allaitants ». Le contexte de décapitalisation dans la filière bovine explique en partie cette observation.
En filière laitière, l’impact de cette décapitalisation a été en grande partie compensée par un niveau de production laitière soutenu, à la faveur de l’amélioration des cours du lait.
Le segment bio n’est pas épargné – Alors que depuis 2010, la production d’aliments composés biologiques ne cessait de croître, l’année 2022 marque un net renversement de la tendance.
La production nationale d’aliments composés biologiques est majoritairement portée par les aliments destinés aux poules pondeuses. Ces dernières années, les filières animales (volailles, porc et ruminants) marquaient un dynamisme fort, avec des croissances de l’ordre de 10 à 20% par an en moyenne entre 2017-2021. Or, depuis le 1er semestre 2022, on observe une chute de la production d’aliments biologiques : au total une baisse de 14 % est enregistrée sur l’année. La baisse touche toutes les filières animales, elle est de 14% en volailles, 10% en porc et 19% en bovins.
Si, pour la volaille, les impacts de la crise influenza aviaire peuvent expliquer en grande partie la baisse observée, pour les autres filières animales l’explication est à trouver dans les difficultés économiques que connaissent les filières biologiques.
Ce recul est une tendance généralisée, qui touche toutes les filières sous signes officiels de qualité, au-delà de l’impact influenza aviaire. Ainsi, la production d’aliments pour poulets sous signes officiels de qualité (Label Rouge, AOC et Bio) enregistre une baisse de plus de 14% sur l’année.
Une année chahutée – L’année 2022 a également été marquée par les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le coût de l’alimentation des animaux a été largement impacté par la hausse généralisée des matières premières, par les difficultés logistiques, les tensions sur les disponibilités et la hausse du prix des énergies (gaz, électricité, carburant). L’aide résilience mise en place par le Gouvernement au premier semestre 2022 a certes permis d’en limiter l’impact brutal pour les éleveurs mais n’a pas pour autant freiné les arrêts d’élevage.
Convaincu de la place de l’élevage sur nos territoires, notre économie et au profit de notre alimentation, nos syndicats rappellent le rôle essentiel de la nutrition animale dans l’adaptation des élevages à leurs enjeux structurels et conjoncturels et ainsi répondre aux besoins des filières et de la société. La baisse du nombre d’élevages et d’animaux en France n’est pas inéluctable. L’élevage joue un rôle essentiel dans l’alimentation de nos concitoyens, dans l’aménagement du territoire et le tissu économique et rural.